Vivre ou exister (Jacques Brel )

1280x720-YvI
Jacques Brel avait horreur de ce qui fige. “Réussir, c’est rater sa vie.” Il incarne le mouvement, préférant chercher que trouver. L’action, la quête, le dynamisme, voilà l’essentiel.
L’homme est un nomade éphémère, qui doit accepter de n’avoir pas de racines et de ne pas durer. L’enchantement,  on doit l’éprouver à chaque instant en se grisant d’être là. Quel meilleur moyen de se rendre compte qu’on respire que de perdre le souffle ? Il faut s’épuiser. La fatigue se révèle l’indice du bonheur.
Brel révéla qu’il adorait “tituber de fatigue”, une sensation qu’il avait découverte durant l’enfance, lorsqu’il faisait des tours à vélo jusqu’à l’accablement et tombait avec un “goût de sang dans la gorge” parce qu’il n’en pouvait plus. Le soir, il s’évanouissait plutôt qu’il ne s’endormait, en se disant alors que c’était une bien belle journée. “Je hais la prudence, il faut être imprudent”.
Brel était un soleil à la voix noire. Dans sa vie, dans son art, il s’est consumé. Il n’a chanté que 15 ans ans et disparut à 49 ans, emporté par un cancer. Telle fut sa sagesse : brûler. L’intensité de la flamme comptait davantage que sa longueur. D’ailleurs, lorsqu’un feu dure, il devient de la braise… Hors de question ! S’économiser comme la braise, être prudent jusqu’à la cendre, cela revient à mourir pendant qu’on est vivant.
Eric Emmanuel Schmitt

 

A propos dynamot

Consultante psychosociale et conseillère en développement socioprofessionnel mon centre d'intérêt premier est l'accompagnement de mon prochain dans le respect de son autodétermination ainsi que ma passion pour le pouvoir constructif de certains mots lorsqu'ils sont rattachés à l'action.
Cet article a été publié dans Articles, Message. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire