« Il est une manière d’écouter qui surpasse tous les compliments »
Charles Joseph de Ligne
« Qui parle sème, qui écoute récolte »
Pythagore
Il ne suffit pas qu’une porte soit ouverte pour se sentir accueilli. De même, il ne suffit pas d’être écouté pour être entendu. Selon moi, une qualité essentielle d’un bon leader est sa capacité d’écoute active.
En effet, pour s’entendre, il faut préalablement s’écouter au-delà des mots, se comprendre, se respecter dans nos similitudes tout autant que dans nos différences. Faire le silence en nous pour laisser la tribune à l’autre. Cela parait si simple et pourtant ! Seulement celui qui sait écouter pleinement peut communiquer efficacement.
Karl Menninger, psychiatre, a exprimé que la faculté d’écouter est un phénomène étrange et fascinant, une force créative. Nous nous tournons plus volontiers vers les personnes qui nous écoutent, en souhaitant demeurer dans leur rayonnement. Nous prenons vie lorsque l’on nous écoute, nous déployons nos ailes et prenons de l’envergure. Nous nous sentons importants, le temps d’une écoute authentique.
L’écoute active le plus beau des cadeaux
Écouter l’autre se déroule toujours au moment présent, en ce lieu précieux du recevoir et toutefois, c’est l’autre qui se sent comblé par notre attention particulière. Stephen Covey, professeur de commerce et conférencier, quant à lui, préconise qu’il faut écouter avec la ferme intention de comprendre. Une écoute emphatique ouvre la voie à la communication et démontre à notre interlocuteur qu’il est important à nos yeux. De plus, quand nous faisons consciemment silence, nous élargissons le champ de la conscience. Et l’écoute nous offre maintes possibilités de résoudre nos malentendus et nos divergences.
Pensez à ces personnes qui, par le passé, vous ont écouté attentivement. Ils étaient entièrement présents et ne se laissaient pas distraire par des distractions extérieures. Ils ne se contentaient pas d’écouter vos paroles, mais saisissaient également ce que vous ressentiez, parvenant même à entendre les non-dits accrochés sur la portée de vos silences, jusqu’au langage de vos gestes, de votre corps. Ils vous acceptaient alors tel que vous étiez et observaient au lieu de juger. Vous vous sentiez intéressant et valorisé; c’est pourquoi par la suite, vous avez tenu compte de leur avis et vous vous êtes de nouveau adressé à eux. Comme le disait Eric Allen baugh, Spécialiste en gestion des entreprises et en administration, ces individus développent une grande faculté de persuasion : Une écoute persuasive : quel paradoxe !
Écoutons-nous vraiment ou attendons-nous de prendre la parole ?
Il nous arrive souvent, au lieu d’écouter, d’avoir toute notre attention happée par notre dialogue intérieur en attendant de parler à notre tour, préparant notre réplique ou révisant notre argumentaire. Ces pratiques sont contraires à la communication fonctionnelle. Nous nous positionnons en interrompant sans cesse en déclarant ; « oui, mais… ». Covey, expliquait a un jour qualifié le mot « mais » d’ « éclipse totale » car tout ce qui est formulé avant est éclipsé par le « mais ». L’être humain a un besoin fondamental d’être compris et accepté. Et l’écoute active s’avère l’un des mécanismes les plus efficaces pour satisfaire ce besoin. Pour s’entendre, il faut tout d’abord savoir s’écouter !
Je vais laisser la finale à Jacques Salomé, psychosociologue, qui a écrit un texte magnifique sur le sens de l’écoute véritable :
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Accorde-moi seulement quelques instants
Accepte ce que je vis, ce que je sens,
Sans réticence, sans jugement.
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Ne me bombarde pas de conseils et d’idées
Ne te crois pas obligé de régler mes difficultés
Manquerais-tu de confiance en mes capacités?
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
N’essaie pas de me distraire ou de m’amuser
Je croirais que tu ne comprends pas
L’importance de ce que je vis en moi
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Surtout, ne me juge pas, ne me blâme pas
Voudrais-tu que ta moralité
Me fasse crouler de culpabilité?
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Ne te crois pas non plus obligé d’approuver
Si j’ai besoin de me raconter
C’est simplement pour être libéré
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
N’interprète pas et n’essaie pas d’analyser
Je me sentirais incompris et manipulé
Et je ne pourrais plus rien te communiquer
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Ne m’interromps pas pour me questionner
N’essaie pas de forcer mon domaine caché
Je sais jusqu’où je peux et veux aller
Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler
Respecte les silences qui me font cheminer
Garde-toi bien de les briser
C’est par eux bien souvent que je suis éclairé
Alors maintenant que tu m’as bien écouté
Je t’en prie, tu peux parler
Avec tendresse et disponibilité
À mon tour je t’écouterai
Hum! Belle réflexion qu’engendre ce message. Il n’est pas facile de simplement écouter. Le « oui mais » est tellement sournois. Toujours prêt à prendre la conversation en main. Très beau texte de Jacques Salomé.
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